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Conflit syrien : une guerre régionale en 2013 ?

vendredi 18 mai 2012, par Maison Populaire de Genève

La situation s’empire en Syrie, le plan Annan de sortie de crise est mort sous les explosions qui secouent Damas. Les kurdes devenus apparemment la cible des attaques multipliées sont également poussés dans le conflit alors qu’ils mènent leur propre combat loin des yeux. Les tam-tam de guerre retentissent fortement. « L’année 2012 sera probablement une période de la terreur amplifiée, tandis que 2013 sera une année de guerre en Syrie » préconise un spécialiste kurde du Moyen-Orient.

Selon des sources occidentales, plus de 10.000 personnes ont été tuées depuis mi-mars 2011 en Syrie. La principale source des médias mainstreaim est l’Observatoire syrien des droits de l’Homme, une association basée à Londres et liée aux Frères Musulmans soutenus par l’Occident et le duo qataro-turc.

Le cessez-le-feu entré en vigueur officiellement le 12 avril après le plan Annan est systématiquement violé depuis par toutes les parties. Il semble que la situation s’empire en Syrie. Les bombes explosent et le pays est en voie d’irakisation. Le massacre de quatre kurdes le 9 mai à Alep par des membres d’une tribu, proche du régime Assad, fait partie des efforts qui poussent les kurdes dans le conflit.

Les morts annoncées chaque jour montrent que le plan Annan n’a aucune chance de succès. Les déclarations de plusieurs dirigeants européens pour qui l’échec du plan serait une catastrophe ressemblent à un dernier appel désespéré. L’opposition a déjà annoncé la fin du plan, pointant du doigt Damas après les explosions mortelles à Damas.

Plan de sortie de crise ou une diversion politique ?

« De toute évidence, personne n’avait cru que le plan Annan aboutira au succès. Ce plan était la conséquence d’une diversion politique au moment où les parties n’étaient pas prêtes à une guerre. Les parties n’avaient pas rejeté le plan pour renforcer leurs préparatifs militaires et diplomatiques » analyse Adil Bayram, spécialiste kurde du Moyen-Orient.

Pour l’analyste kurde, le régime Assad s’était engagé à respecter le plan, tout en sachant que ce plan n’aboutira pas au succès et poursuivant partiellement ses opérations. « Au début, l’opposition avait une position similaire. Mais aujourd’hui cette position a changé. Elle a multiplié ses attaques militaires. Il semble que certains poussent le plan Annan à l’échec et provoque une guerre en Syrie. Dans ce cas, le gouvernement AKP en Turquie est suspecté en premier lieu. »

Il ajoute : « Les efforts qui poussent les kurdes dans le conflit prouvent cette hypothèse. Les kurdes avaient jusqu’ici réussi à rester en dehors du conflit. Une position qui sera désormais difficile à préserver. »

Les kurdes ne font pas confiance au Conseil National Syrien, formé à Istanbul et soutenu par l’Occident. Ce conseil dominé par les islamistes refuse de reconnaitre les droits du peuple kurde en tant que nation dans un pays laïc, démocratique et fédéral. Selon des sources kurdes, un accort anti-kurde aurait été conclut entre le CNS et le régime turc. Les kurdes n’ont aucune sympathie pour le régime Baas, au pouvoir depuis 40 ans, et lutte pour un changement du régime au profit d’une autonomie démocratique. Dans le cadre de ce projet, les kurdes ont ouvert à l’initiative du principal parti kurde PYD des écoles de langue, créé des communes, des conseils du peuple et des comités de légitime défense pour protéger la population kurde, estimée entre 2 et 3 millions, soit 15 % de la population du pays.

En 2012, la terreur s’amplifiera

Pour beaucoup, la Syrie se dirige vers une “guerre civile”, alors que les espoirs de paix s’épuisent de plus en plus. « D’abord la terreur s’amplifiera et la guerre viendra ensuite. L’année 2012 sera probablement une période de la terreur amplifiée, tandis que 2013 sera une année de guerre en Syrie » préconise l’analyste kurde.

Quelle sera la nature de cette guerre ? Est-ce une « guerre civile » préconisée par certains ou une guerre moyen-orientale et mondiale ?

Une guerre régionale

Il répond : « Il ne s’agit pas d’une guerre civile mais d’une guerre « extérieure ». Ceux qui disent que c’est une guerre civile et qui attendent des guerres similaires comme en Irak et en Liban se trompent. La Syrie n’est ni un Irak, ni une Libye et un Afghanistan. La Syrie a toujours été une zone où le statuquo politique de la région était déterminé. Donc, une éventuelle guerre syrienne sera une guerre moyen-orientale. Si la terreur dans ce pays se transforme en guerre, elle provoquera une guerre régionale allant de Méditerranée orientale à Afghanistan, soit le sommet de la Troisième Guerre Mondiale qui dure depuis 1991 (La guerre du Golfe). »

Une guerre à caractère extérieur

Il attire l’attention sur la nature de ce conflit : « Si les 20 % du conflit actuel viennent de l’intérieur, les 80 % qui restent ont un caractère extérieur. Ce ne sont pas les dynamiques intérieures qui provoquent une guerre en Syrie, mais la politique régionale et mondiale. »

Les kurdes seront au centre de la guerre

« Il est évident que ce conflit et une éventuelle guerre détruira les restes de l’ancien statuquo. Ceux qui sont contre l’ancien statuquo pourraient atteindre leurs objectifs d’une manière. Mais une guerre moyen-orientale et mondiale n’est pas souhaitable car, une telle guerre sera très dure, mauvaise et destructive. Le fardeau reposera sur les épaules des peuples du Moyen-Orient. Il faut donc éviter cette guerre catastrophique. Cependant, il semble que la guerre s’éclatera quels que soient les efforts. Cette guerre impliquera le monde arabe, ainsi que l’Iran et la Turquie. Les kurdes se trouveront au centre de la guerre et ils souffriront plus que tous alors qu’ils ne sont pas responsables de la guerre ! »

Possible désintégration de la Turquie

L’analyste kurde poursuit : « La fin de la guerre sera aussi imprévisible, car elle ne poursuivra pas comme elle a commencé. Une chose est sûre : elle touchera profondément tout le monde et changera tout.

Parmi les plus ardents de la guerre figurent le gouvernement AKP et le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan. L’analyste affirme : « On ignore les motivations de cette politique et ce qu’attend le gouvernement turc de cette guerre car la Turquie sera le pays le plus touché et des grands changements suivront probablement la guerre y compris les frontières. »

La Turquie pourrait-elle espère une expansion comme l’empire ottoman ? « Il n’est pas clair » selon l’analyste. « Pourtant la réalité est avérée : la Turquie ne verra pas une telle expansion. Au contraire, la possibilité de la désintégration du pays se parait plus forte » ajout-il.

Le rêve dangereux du gouvernement AKP

« Si l’AKP planifie une expansion régionale, ce ne serait qu’un rêve dangereux. Cette position rappelle le Comité Union et Progrès (Ittihat ve Terakki Cemiyeti), soit les jeunes turcs, qui avait fait entrer l’empire ottoman dans la Première Guerre Mondiale. Cependant, on ne peut pas prédire s’il partagera le même sort. »

Pour l’analyste, ce sont les kurdes qui œuvrent le plus pour éviter la guerre moyen-orientale, sachant que le fardeau le plus lourd reposera sur leurs épaules. « Ces efforts sont pour une solution moins conflictuelle pour éviter une guerre catastrophique. Seront-ils suffisants pour un succès face aux tam-tam de guerre ? L’histoire le montrera ! »

http://www.actukurde.fr/actualites/243/conflit-syrien-une-guerre-regionale-en-2013.html


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