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Le 25e anniversaire du coup d’état du 12 septembre 1980

dimanche 11 septembre 2005, par Maison Populaire de Genève

Les héritages honteux de la dictature militaire persistent au seuil de l’UE

Le 12 septembre 1980... Les généraux de l’Armée turque ont effectué un coup d’état militaire pour empêcher le progrès des forces civiles défendant les droits sociaux et économiques des travailleurs et les droits nationaux du peuple kurde. Le processus de démocratisation et d’adhésion à la Communauté économique européenne (actuellement l’Union européenne) a été arrêté par force et le pays a été transformé en un immense camp de concentration.


Le 12 septembre 1980... Les généraux de l’Armée turque ont effectué un coup d’état militaire pour empêcher le progrès des forces civiles défendant les droits sociaux et économiques des travailleurs et les droits nationaux du peuple kurde. Le processus de démocratisation et d’adhésion à la Communauté économique européenne (actuellement l’Union européenne) a été arrêté par force et le pays a été transformé en un immense camp de concentration.

En effet, le coup d’état du 12 septembre 1980 était la deuxième phase d’un processus de militarisation dans tous les domaines du pays.

Auparavant, le coup d’état du 12 mars 1971 avait déjà aboli ou détruit plusieurs droits et institutions démocratiques par l’application d’une répression sans précédente.

Nous allons évoquer le bilan honteux du putsch du 12 mars 1971 à son 35e anniversaire en 2006.

Aujourd’hui, au 25e anniversaire, nous rappelons une fois de plus les crimes commis par les putschistes du coup d’état du 12 septembre.

Crimes commis par les putschistes du coup d’état du 12 septembre :

· La Constitution imposée en 1982 par la junte militaire a aboli les derniers vestiges des libertés reconnues par la Constitution de 1961.

· Cette constitution nie les droits fondamentaux du peuple kurde et des minorités arménienne, assyrienne et grecque de la Turquie.

· La domination de l’Armée sur la vie politique, économique et sociale du pays a été rendue intouchable par les privilèges reconnus par cette constitution au Conseil de la sûreté nationale (MGK).

· En deux ans, plus de 650.000 personnes ont été arrêtées et soumises à la torture.

· 500 personnes ont perdu la vie durant leur détention.

· Des milliers de personnes ont été rendues handicapées.

· 210.000 procès politiques ont été ouverts devant les cours militaires.

· Un total de 98.404 personnes a été jugé en raison de leurs opinions.

· 6.353 personnes ont été jugées sous la menace de peine capitale.

· 21.764 personnes ont été condamnées aux lourdes peines de prison.

· Cinquante personnes ont été exécutées à l’issu des procès politiques.

· Des fichiers ont été ouverts sur 1.683.000 personnes.

· 348.000 personnes se sont vues refusées l’obtention de passeports.

· Les universités ont été placées sous l’autorité du Conseil suprême de l’Education (YOK), dépendant du pouvoir politique.

· 15.509 personnes ont été chassées de leurs postes universitaires sous la loi N°1402.

· 18.000 fonctionnaires, 2.000 juges et procureurs, 4.000 officiers de police, 2.000 officiers de l’Armée et 5.000 enseignants ont été forcés de démissionner.

· Tous les parties politiques ont été fermés.

· Les activités des 23.667 associations ont été arrêtées.

· La presse a été soumise à la censure.

· 4.509 personnes ont été déportées par les commandants de la loi martiale.

· Plusieurs condamnés ont perdu la vie en prison en raison de mauvais traitement ou lors de la grève da faim en protestation contre ce mauvais traitement.

· 113.607 livres ont été brûlés.

· 39 tonnes de livres, de magasines et de journaux ont été détruites par des usines de papier de l’Etat.

· 937 films ont été interdits.

· 2.792 auteurs, traducteurs et journalistes ont été traduits devant les tribunaux.

· Le total des peines de prison prononcées contre les journalistes et écrivains s’élevaient à 3.315 ans et 3 mois.

25 ans après le coup d’état du 12 septembre 1980 :

1. Les généraux putschistes sont toujours protégés par le gouvernement et la demande des victimes pour les traduire devant des tribunaux est toujours refusée. Une démonstration organisée à cette fin le 11 septembre 2005 a été interdite par le gouverneur d’Istanbul. Des écrivains et journalistes critiquant les généraux putschistes sont toujours jugés même sous le nouveau code pénal.

2. La constitution anti-démocratique prônant la supériorité et le monopole de la race et de la langue turques (Articles 3, 42 et 66), imposée en 1982 par la junte militaire, est toujours en vigueur. L’article 4 déclare que l’Article 3 ne pourra jamais être modifié, même la modification de cet article ne pourra jamais être proposée. En plus, un système électoral imposant un seuil national de 10% est toujours maintenu au détriment des partis politiques représentant des opinions différentes, notamment pro kurde ou de gauche, afin que le parti islamiste reste au pouvoir avec une majorité absolue dans le parlement malgré un score électoral moins de 50%.

3. Malgré la soi-disant "démilitarisation" du Conseil national de la Sûreté (MGK), les militaires continuent à dicter leurs choix militaristes par les déclarations médiatisées du chef de l’Etat-major ou des commandants des forces terrestres, aériennes ou navales. De plus, le Haut Conseil militaire (YAS), chargé de gérer le fonctionnement interne de l’Armée, continue à radier certains officiers considérés "anti-laïques" malgré l’opposition du gouvernement. Les militaires exercent leur contrôle sur la vie économique du pays par le biais de leur holding financier sui generis OYAK et d’une série d’industries de guerre.

4. Il y a toujours milliers de détenus politiques dans les prisons turques. Le ministère de la Justice a annoncé le 12 août 2005 que le nombre des détenus pour "des délits de terreur" s’élève actuellement à 3.788 et qu’ils se trouvent dans 73 grandes prisons du pays dont 11 prisons de type-F.

5. L’exécution sommaire et la torture lors de l’arrestation se pratiquent toujours. Tout récemment, des manifestants kurdes ont été abattus par les forces de sécurité. En plus, les groupes ultra-nationalistes sont encouragés à lyncher ceux qui se manifestent pour défendre les droits du peuple kurde ou pour protester contre les conditions carcérales des prisonniers politiques..

6. Le nouveau code pénal turc, applaudi par l’Union européenne, constitue toujours une menace sur la liberté de presse. Plusieurs journalistes sont toujours jugés pour insulte à l’Armée, au gouvernement ou aux forces de sécurité en raison de leurs critiques, en vertu de l’article 302 (l’ancien article 159) du CPT. Récemment, le romancier Orhan Pamuk a été inculpé sous l’article 301 du même code pénal pour avoir insulté la nation turque car il avait parlé du massacre des Arméniens et des Kurdes.

7. Malgré quelques réformes cosmétiques, les droits égaux (enseignement, expression audio-visuel, association) ne sont toujours pas reconnus pour le peuple kurde ainsi que pour les minorités ethniques ou religieuses du pays, notamment arméniennes, assyriennes, grecques et alévites. Toutes les initiatives pacifiques du mouvement national kurde en vue d’arriver à une solution pacifique sont systématiquement déclinée et les opérations militaires se poursuivent afin de satisfaire la voracité de l’Armée et de l’industrie de guerre.

8. Ankara ne montre aucune intention de reconnaître les injustices et atrocités commises dans l’histoire de Turquie et poursuit une politique absolument négationniste. Selon le motif de l’Article 305, les citoyens qui demandent le retrait des militaires turcs de Chypre ou déclarent que le génocide arménien a effectivement eu lieu pendant la première guerre mondiale, pourront être poursuivis en justice. En plus, les missions diplomatiques d’Ankara incitent souvent les ressortissants turcs et même les élus ou candidats d’origine turque des partis politiques européens (socialistes, libéraux, écolos ou chrétiens) à participer aux manifestations négationnistes.

En dépit de ces faits, les porte-parole de la Commission européenne, soumis aux chantages d’Ankara, affirment que la Turquie a déjà rempli toutes les conditions pour relancer les négociations d’adhésion à partir du 3 octobre 2005. Pour eux, le seul problème qui demeure est le refus turc de reconnaître la République de Chypre.

Est-ce vraiement le seul problème qui demeure ?

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