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Mines antipersonnel : le commerce de la honte, la terreur des populations civile

dimanche 28 mars 2004, par Maison Populaire de Genève

Une mine explose toutes les 22 minutes, tuant ou blessant grièvement un être humain. Selon un rapport des Nations Unies pour la période 2002-2003, 80 millions de mines antipersonnel (110 millions selon d’autres statistiques) attendent patiemment leur quota de victimes.

Près de 250 millions sont stockée par plus de 100 pays. Le tiers-monde est le plus touché : 20.5 millions reposent dans le sol africain (surtout en Angola, Mozambique, Erythrée, Somalie et Ethiopie), 21 millions au Moyen-Orient, en Irak, Afghanistan, et en Asie : Cambodge, Vietnam, Birmanie… Les enfants paient un très lourd tribut, leurs jeux les menant souvent dans des zones non déminées, les civils représentent plus de 80% des victimes.

Un commerce honteux mais lucratif

En 1997, 140 nations ont signé la convention d’Ottawa. Malheureusement, ce sont surtout les pays sans conflit et les nations victimes qui ont accepté de ratifier le traité d’interdiction totale. 47 pays ne l’ont pas fait. Parmi eux, les Etats-Unis, la Russie, la Chine, l’Inde et le Pakistan. Il faut souligner qu’à eux seuls, les USA, la Chine et la Russie stockent plus de 200 millions de mines antipersonnel, soit près de 80% des engins recensés. La production et la commercialisation de mines rapportent chaque année 800 millions de dollars aux Etats-Unis. Avec un coût de production inférieur à 10 dollars, il s’agit d’un des produits les plus rentables de la gamme de l’industrie militaire. En Occident, ce sont les pressions populaires, la moralité, qui ont amené à la signature de la convention d’Ottawa.

Derrière les dollars, la souffrance

Le coût social de la « guerre des mines » est énorme. Coût humain d’abord : chaque année près de 26’000 personnes sont tuées et 250’000 blessées. Des familles entières sont brisées et réduites à la misère lorsque le chef de famille, mutilé par une mine, ne peut plus travailler et assurer la survie quotidienne de ses proches. Un enfant mutilé est condamné à l’assistanat, dans des économies largement artisanales. Une mine coûte moins de 10 dollars, le déminage plus de 1’000 dollars et une prothèse 1’500. En Afghanistan, Cambodge et Irak, les 300’000 blessés n’ont eu accès qu’à 9’880 prothèses ! Au point de vue économique, les mines rendent inexploitables de vastes étendues de terres agricoles, ravageant l’économie et l’environnement. Le redémarrage économique des pays touchés est fortement hypothéqué par la prolifération de mines antipersonnel, malgré le retour de la paix.

La situation en Turquie

La Turquie n’a signé la convention d’Ottawa que ce 25 septembre 2003. Le pays – lequel possède plus de 2’900’000mines en stock- use très largement des mines antipersonnel, notamment le long de ses zones frontalières. Les 600 kilomètres de frontière nationale (sur 300 à 400 km de profondeur) sont complètement minés : Bulgarie, Georgie, Arménie, Iran, Irak et Syrie. Si officiellement, il s’agit d’empêcher leur franchissement par des unités rebelles, en fait on s’aperçoit que ce sont surtout les civils et ses propres soldats qui font les frais de cette sale guerre. De 1990 à 2002, 512 mines ont explosé en Turquie, faisant 838 morts et 937 blessés.

Décompte des victimes de 1990 à 2002 :

Morts : Blessés : 394 civils tués 642 civils blessés 244 enfants tués 214 enfants blessés 334 militaires tués 294 militaires blessés 3 rebelles tués

Le 9 juin 2002, le premier ministre Ecevit et les autorités de la région de Antakya-Siirt-Silopi (Kurdistan turc, frontière syrienne) ont reconnu que près de 306’000 hectares de zone agricole étaient impropres à l’exploitation du fait des mines antipersonnel.


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