dimanche 13 avril 2008, par Maison Populaire de Genève
Chers amis,
Après cinq mois de garde à vue, je suis de nouveau parmi vous. On ne comprend la valeur de la liberté qu’une fois perdue, précieuse même si incomplète.
Je vous salue avec ardeur et gratitude. Ayant survécu des années durant aux agressions de l’Etat turc, cela aurait été terrible d’être extradé menotté et enchaîné (« dans un paquet » comme ils disent). J’ai su tout le long les noires motivations des autorités turques. Ma vie était en danger.
L’Etat turc m’a présenté comme terroriste pour faciliter mon extradition. Dès que la nouvelle de mon arrestation lui est parvenue, de nouvelles décisions ont été prises à mon égard, et le système légal turc a largement instrumentalisé la procédure.
Mes avocats en Allemagne et « Turquie - Kurdistan », le comité menant campagne pour ma liberté, les organisations démocratiques, les institutions et individus, le comité de solidarité, mes parents et mes amis qui sont auprès de moi, ont effectué des efforts extraordinaires afin de faire cesser cette injustice et faire connaître la vérité.Le dossier complet de la défense a permis à la cour traitant la demande d’extradition d’examiner la situation et de comprendre la réalité. Finalement la décision correcte a été prise et j’ai été libéré ce 28 mars 2008.
Cette issue positive a eu lieu en grande partie grâce à vos efforts collectifs. Vous m’avez non seulement soutenu, mais aussi sauvé la vie. Pour cette raison, je voudrais vous exprimer ma gratitude et remercie mes avocats, tous ces amis, parlementaires, universitaires, auteurs, artistes et autres intellectuels, partis démocratiques, association de défense des droits de l’Homme, tous les médias, comités de solidarité et finalement –mais pas des moindres- tous mes amis et parents qui m’ont soutenu, en Europe, Turquie, Kurdistan et à travers le monde.
Je voudrais également remercier la Haute Cour et le département des Etrangers, malgré la décision tardive de ma libération. Je crois que cette décision a servi les valeurs humanitaires et démocratiques de tous les peuples du monde. A travers le monde il y a beaucoup de gens emprisonnés à cause de leur lutte pour un monde meilleur. J’ai été libéré mais ils sont encore en prison. J’espère vivement qu’ils gagneront aussi leur liberté immédiatement. Ces prisonniers qui vivent dans la douleur ne doivent pas être oubliés.
Le Monde nous appartient et un monde meilleurs est possible !
Sincèrement.
Kemal KUTAN
28 mars 2008